L'éducation aux temps du coronavirus (Dir. S. Bonnéry, E. Douat)

L'éducation aux temps du coronavirus (Dir. S. Bonnéry, E. Douat)

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Quelle lecture peut-on avoir de ce qui s'est passé durant le confinement ? Est-ce un accident ou le résultat d'une politique ? Un moment exceptionnel ou l'accélérateur de politiques déjà bien introduites ? Première lecture sociologique de ce qu'a vécu l'école depuis mars 2020, ou comment un virus a interagi avec des choix de société pour produire de l'inégalité...

 

Le 12 mars 2020, face à la pandémie, le Président de la République annonce la fermeture de tous les établissements d'enseignement. Le ministre de l'Education nationale exhorte à assurer la "continuité pédagogique" à distance. Comment, dans l'urgence et l'impréparation, confinés, enseignants et élèves, familles et étudiants font-ils dans les semaines qui suivent ? Que révèle cette "crise" de l'état du système d'enseignement ? Comment ce confinement sert-il à l'accélération des réformes gouvernementales en cours ? Treize spécialistes de l'éducation, de la maternelle à l'université, coopèrent et tentent de répondre à ces questions et d'ouvrir les chantiers de recherche que cette séquence inédite impose.

" L’ambition initiale d’un projet élaboré en quelques jours, portée par une sorte de « réflexe » de chercheur, a été de substituer à la sidération liée à l’irruption de la pandémie du coronavirus au mois de mars, la volonté d’essayer de comprendre la situation et d’examiner ce que cette séquence – telle qu’elle a été façonnée par un ensemble de choix politico-économiques et un certain type d’organisation sociale - a « fait » aux processus d’apprentissage, aux familles, aux élèves, au monde étudiant, aux enseignant.e.s, aux conseillers principaux d’éducation (CPE) mais aussi au personnel administratif". Stéphane Bonnery et Etienne Douat expliquent l'angle particulier que prend leur ouvrage.

 

" Ce n’est pas en soi le virus qui a créé du « décrochage » et plongé des élèves, des étudiant.es et leur famille dans la difficulté, le malentendu ou le désarroi pour poursuivre leurs apprentissages", écrivent S Bonnery et E Douat. "Ce qui contribué à construire et façonner « leurs » problèmes ou les a « coincés », en hypothéquant l’avenir scolaire ou universitaire d’une partie d’entre eux, est pour une large part le produit des conditions dégradées, désormais structurelles, du système d’enseignement public en France... Et l’accentuation des difficultés voire le « blocage » d’une partie des élèves et de la population étudiante à l’heure de la pandémie a été finalement aussi, et plus généralement, le résultat d’une politique de non-mixité sociale, de « renoncement » plus ou moins implicite selon les périodes à la démocratisation scolaire, d’externalisation hors de l’école des enjeux d’apprentissage et de remédiation. Et ces logiques à l’oeuvre depuis des décennies ne relèvent pas seulement d’une forme d’abandon, mais aussi de l’organisation rationnelle de l’élimination sociale, par la mise en place volontaire de conditions d’études inégales selon les classes sociales qui fréquentent les établissements ou qui y sont recrutées".

L'ouvrage s'attache à soutenir cet axe à travers une succession d'articles. Ainsi Fabienne Montmasson-Michel (Gresco, Poitiers) étudie ce qui s'est passé à l'école primaire. " Les enquêtés et les enquêtées sont unanimes : il y a eu bien plus de discontinuité que de « continuité pédagogique » pendant le confinement. Premièrement, parce que l’équipement et les savoir-faire numériques des familles ont pu faire défaut et, deuxièmement, car il n’est pas possible de faire correctement la classe sans les espaces et le matériel de l’école et sans une relation pédagogique de proximité". D'où les élèves perdus de vue et souvent "rattrapés" par les esneignants à travers des stratagèmes.

 

" Ce que montre le moment du confinement tel que cette enquête le donne à voir, c’est que non seulement ces enseignants et ces enseignantes ont fait preuve d’un engagement irréprochable dans leur mission d’agents de l’État, en mobilisant des ressources pédagogiques et réflexives cruciales pour l’école d’aujourd’hui, mais en plus, ils ont montré leur conformité aux injonctions les plus pressantes de l’institution. Ils ont réagi très vite à une situation d’urgence sans oublier de réfléchir, ils ont manié le numérique et se sont montrés innovants en réinventant leurs pratiques. Ils se sont révélés inclusifs en adaptant leurs propositions aux situations de leurs élèves et de leurs familles et n’ont cessé de différencier et d’ajuster leurs propositions pédagogiques, en travaillant plus que d’ordinaire et en débordant sur leur temps privé. On peut donc penser que si les enseignants ne sont pas assez technologiques, innovants, inclusifs ou experts de la différenciation pédagogique dans leurs pratiques ordinaires, comme cela leur est souvent reproché, c’est peut-être moins pour de supposées représentations inadéquates ou pour une incapacité irréductible au changement, que du fait de leur contexte et de leurs conditions de travail".

Editions La Dispute grand format 2020, 162 pages.

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