L'art de Nicole Louvier - A la vie comme à la guerre (album CD)
Naître en 1933 dans une famille juive, ce n'était pas un début idéal dans la vie... Pourtant, Nicole Louvier, dés ses vingt ans, sort un premier disque, et se produit dans plusieurs cabarets parisiens.Elle a trente ans lorsqu'elle interprète la Chanson pour la fin du monde. Un texte étonnant pour l'époque... (sur le blog de Mediapart)
Nous sommes en 1953. Les caves enfumées de Saint Germain dès Près n’ont rien perdu de leur prestige. La chanson à thème non plus. C’est l’époque de l’aura sulfureuse de la Gréco, égérie du meilleur que l’intellectualité française avait donné depuis un demi-siècle. C’est le temps de la virtuosité populaire d’Edith Piaf et des rares survivantes féminines des années noires. En dehors de ces sentiers battus par la gloire, quelle chance pouvait avoir une jeune mignonette, auteure de ses chansons en s’accompagnant à la guitare? Rien. Ou bien peu.
Et pourtant c’est en 1953 que Nicole Louvier surgira du néant pour casser la donne. Son visage de jeune fille de bonne famille et la tendresse de sa voix séduiront bientôt le public, tout en épouvantant les gardiens de la morale. Qui me délivrera ?, son premier tube de 1953, déclare ouvertement son homosexualité. Mon Petit copain perdu (1954) ne tardera pas à confirmer ses choix, tout comme ses prises de position féministes avec son roman Qui qu’en grogne Fille d’une famille juive persécutée sous Vichy, protégée par des paysans bretons pendant l’Occupation,, Nicole Louvier osera brisser les carcans en passant outre les plans de carrière. Parrainée par Maurice Chevalier (qui la surnomma Le Petit Radiguet de la chanson ) la jeune Nicole semble filer entre les gouttes de la censure de l’ORTF. Et ce jusqu’à ce qu’elle publie son roman Les Marchands en 1959.
Un récit aujourd’hui oublié mais qui en son temps dénonça le système en contant l’histoire d’une jeune chanteuse naïve prise dans les rouages du show business. La vengeance sera terrible et la sentence sans appel : ce sera le vide sur son œuvre de chansonnière et de romancière. Point final. Peu importe que ce soit Nicole Louvier qui découvre Anne Sylvestre ou Barbara. Elle a dépassé les bornes et restera confinée au rang de productrice de quelques émissions culturelles, jusqu’à sa mort en 2003. Ce CD est un recueil de 28 de ses meilleures chansons, certes, mais aussi l’hommage à une créatrice singulière, autant par la magie de sa voix que par la beauté de ses textes. Nous allons découvrir l’élégance et la finesse, la bravoure de ses textes en même temps que la lucidité des thèmes abordées. En somme, une façon de rendre justice à une des pionnières de la bataille contre la pensée unique.
30 chansons
Durée 79 :30
- Type article
- CD