CD Chronique sonore de l'Union soviétique - Les Nazis aux portes (1939-1940)

Ce serait une erreur de parler au sujet d’un seul répertoire de chants évoquant la Révolution d’Octobre. Ou plutôt, faire référence à un seul sujet historique traversant l’évocation de ces années de passion, de sang et de feu. Car le mouvement insurgent de novembre 1917 est né de plusieurs révolutions convergentes. A savoir : Révolution pour la paix, pour les survivants du désastre du front russe depuis 1914. Révolution ouvrière qui éclate encadrée par un mouvement de masses déjà existant. Révolution armée, qui trouvé son origine dans la Révolution Française et la Commune de 1871. Enfin, révolution culturelle, qui transforme cette tradition de la chorale ouvrière (si présente dans les premières années du XX siècle) en chanson militaire. En somme, des mélodies qui évoquent le « communisme des casernes » imposé par la Guerre Civile qui éclata au lendemain de la prise du pouvoir par les Bolchéviks.

Formant partie de la Collection Chronique sonore de l’URSS, ces cinq premiers volumes témoignent des chansons interprétées pendant des périodes bien précis du mouvement révolutionnaire : de la révolution « démocratique » (écrasée par le Tsar) de 1905, jusqu’à 1928, date de la prise du pouvoir par Joseph Staline, qui met fin à la période purement bolchévique de la Révolution d’Octobre. Chacun de ces cinq CD rend compte d’une réalité différente et d’une thématique spécifique. Depuis la douleur et le désespoir pour l’échec de la révolution avortée de 1905, ainsi que le thème de la Commune jusqu’au mouvement démocratique exigé par les révolutionnaires russes, dont les espoirs s’écrouleront avec l’autoritarisme de Kerenski. L’appel aux armes (longtemps décrié par les historiens comme une apologie à une soi-disant violence innée des Bolchéviks) apparaît ici comme une conséquence. Dès lors, ces chansons évoquent les martyrs tombés lors de la prise du pouvoir, certes. Mais les nouveaux défis sociaux sont remplacés par les tons martiaux qui réclament les temps de la guerre des Rouges contre les Blancs. Enfin, la victoire des armées communistes contre l’ennemi change de registre et commence à témoigner de la nécessité de bâtir une nouvelle société au beau milieu de l’inconnu. Epoque de la chanson populaire où rôle des paysans et des ouvriers remplace progressivement le sujet du combattant bolchévik dont la mémoire cède la place à un nouvel héroïsme : celui de bâtir une société socialiste au milieu les ruines d’un pays dévasté. Preuve des clairs obscurs de ces années troubles, ces cinq nouveaux volumes rendent comte d’une histoire bouleversante et encore méconnue.