Auriez-vous crié "Heil Hitler" ?...

Auriez-vous crié "Heil Hitler" ? Soumission et résistances au nazisme : l'Allemagne vue d'en bas (1918-1946)

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Si une crise profonde et durable ébranlait nos démocraties, comme a été ébranlée la société allemande de 1929 à 1933, saurions-nous résister à la tentation fasciste ? Savons-nous déjà résister à la progression du racisme, de l'islamophobie, des replis identitaires, de l'ascension électorale et de la banalisation du FN ?

 

800 pages.

Une interview de l'auteur, François Roux, spécialiste des mécanismes de la soumission et de la résistance, pour le site Internet libertaire Divergences (8 juillet 2012, http://divergences.be/spip.php?article3017) :

Question : La crise économique actuelle peut-elle générer des phénomènes semblables à ceux des années 1930 ? Il est vrai qu’aujourd’hui la crise justifie des dérives sécuritaires, notamment en matière d’immigration, et des privations de droits qui ne soulèvent guère de tollés, sinon des militant-es.

La banalisation de situations inacceptables donne à réfléchir sur la signification accordée au terme « démocratie », très variable selon le contexte, mais aussi selon qui utilise le concept. Dès lors, on peut se demander quelles seraient aujourd’hui les réactions et les formes de résistance à un régime de type fasciste. La majorité de la population saluerait-elle d’un « Heil » un quelconque führer si celui-ci se présentait comme le sauveur potentiel du système (incontournable) capitaliste ? Allégeance et soumission sont-elles à ce point possibles ? Ces questions graves ponctuent les analyses et les témoignages rapportés par François Roux dans son essai, Auriez-vous crié
 « Heil Hitler » ? Soumission 
et résistances 
au nazisme : l’Allemagne vue d’en bas. 1918-1946. Un essai impressionnant par la somme de recherches et d’informations croisées sur le processus de la barbarie et sur la soumission au nazisme, forcée ou consentie, d’une grande partie de la population allemande et des pays occupés.

Lorsqu’en janvier 1933, trente-deux millions d’Allemand-es se retrouvent confonté-es à la propagande permanente des nazis, embrigadé-es de facto par un patriotisme xénophobe forcené impliquant la suppression des libertés, la criminalisation de l’opposition, les assassinats ciblés, les meurtres de masse, la guerre, les persécutions antisémites et l’éradication de populations entières, quels sont ceux et celles qui décident alors de résister ou de ne pas collaborer au IIIe Reich ? Et qui en a eu les moyens durant la dictature nazie qui avait instauré la délation, la suspicion, l’intimidation, et su jouer sur la peur d’une invasion bolchevique ?

À lire Auriez-vous crié
 « Heil Hitler » ? Soumission 
et résistances 
au nazisme : l’Allemagne vue d’en bas, on pense au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932), à 1984 de George Orwell (1949), et bien entendu à deux autres romans étatsuniens qui décrivent l’incrédulité de la population devant la soudaine privation des droits constitutionnels, la mise en place d’une répression brutale, puis la résistance à la prise de pouvoir d’une dictature fasciste, Le Talon de fer de Jack London (1907) et Impossible ici de Sinclair Lewis (1935). Que se passerait-il donc aujourd’hui, bien qu’il ne soit pas question de bégaiement de l’histoire à l’identique ? Les tendances fascistes et totalitaires sont tentantes dans un moment de crise aigue pour une oligarchie à qui échappe le contrôle social. Ces dérives ne sont-elles pas d’ailleurs inhérentes à la « démocratie » — non directe, voire autoritaire — tant vantée par les politiques ?

Auriez-vous crié
 « Heil Hitler » ? Soumission 
et résistances 
au nazisme : l’Allemagne vue d’en bas rassemble et offre au débat de nombreux témoignages, des écrits et des travaux d’historiens dans une perspective d’analyse très large. Cela permet à François Roux une autre approche de la réalité, jusqu’alors souvent abordée dans le but d’en souligner l’exceptionnalité d’un point de vue historique. L’auteur évite également les clichés habituels sur l’adhésion quasi générale au régime nazi de la population allemande et même des pays que ses armées occupent. L’ouvrage met en écho différentes perceptions, déclarations, constats et accorde une large part aux milliers de personnes qui ont résisté au risque de leur vie.

Le système nazi avait toutefois ses failles et c’est ce que François Roux décrypte et analyse. Et l’on peut alors s’interroger — ce livre provoque d’ailleurs des questionnements en chaîne — si l’adhésion au nazisme de la population allemande, décrite comme générale par la propagande nazie, n’a pas également servi la propagande des alliés pour stigmatiser toute une population civile afin de la bombarder, sans état d’âme, pour le bénéfice du complexe militaro-industriel étatsunien, et à dédouaner ainsi par la suite la collaboration industrielle internationale largement compromise avec les nazis…

De même, qu’en est-il de la « construction de l’amnésie collective » et des histoires officielles, tant du côté allemand que du côté allié. La dénazification en Allemagne et l’épuration de la Collaboration française ont donné lieu à des silences, des complicités et des compromissions. De nombreux responsables nazis ont échappé à la justice et, comme l’écrit François Roux, à la fin de la guerre, « les Occidentaux s’appuient sur trois des quatre piliers de la dictature nazie, patronat, armée, administration pour fonder la République fédérale. » Oubliés les « ronds-de-cuir de la mort de masse » qui, pour certains passent à l’Ouest sans problème. Klaus Barbie se retrouve dans les services secrets étatsuniens et Maurice Papon va appliquer sa « morale » bureaucrate en Algérie ! Il reviendra en France pour ordonner la répression de la manifestation pacifique et le massacre des Algérien-nes le 17 octobre 1961, crime d’État de sinistre mémoire.

Résistance, soumission… La question demeure entière et actuelle. En explorer les mécanismes et tenter de les comprendre, c’est le fil rouge de cet essai et c’est aussi la question essentielle à poser dans l’éventualité d’une prise de pouvoir fasciste ou totalitaire. Aujourd’hui, la propagande est omniprésente et sous le contrôle des oligarques, elle prend des formes séduisantes, élaborées grâce à l’outil phénoménal qu’est la télévision. La communication et la publicité dominent nos sociétés et détournent habilement les questions essentielles. Il est sciemment répété que les « extrêmes », c’est fini, que ces douze années de nazisme sont un phénomène exceptionnel et qu’une résurgence à l’identique est improbable, voire impossible. C’est sans doute pour cette occultation volontaire que le commentaire final en voix off du film d’Alain Resnais fit scandale et 1956 :

« Qui de nous veille sur cet étrange observatoire pour nous avertir de la venue de nouveaux bourreaux ? Est-ce qu’ils ont vraiment un autre visage que le nôtre ? Quelque part, parmi nous, il reste des kapos chanceux, des chefs récupérés, des dénonciateurs encore inconnus. Et il y a tous ceux qui ne croyaient pas, ou seulement de temps en temps, ceux qui regardent sincèrement ces ruines comme si le vieux monstre de la peste de l’univers concentrationnaire est mort sous les décombres et qui feignent de prendre espoir que cette image qui s’éloigne est d’un seul temps et d’un seul pays, refusant de regarder autour de nous et d’entendre ces cris sans fin. [1] »

Pourtant, « l’émergence du fascisme est un phénomène généralisé en Europe qui correspond à l’industrialisation, à l’émergence de mouvements contestataires progressistes, à l’intensification du nationalisme et de la xénophobie. Il reflète, dans les sociétés industrielles capitalistes, les difficultés des gouvernements à contrôler des populations en révolte contre les méfaits du système de production et contre ses dirigeants. Au fond, le fascisme est un mode de contrôle politique autoritaire qui émerge dans les sociétés industrielles capitalistes en réponse à une crise économique. » [2] François Roux arrive à la même conclusion dans l’épilogue de Auriez-vous crié
 « Heil Hitler » ? Soumission 
et résistances 
au nazisme : l’Allemagne vue d’en bas : « Quand la crise ébranlera le capitalisme, nul doute que l’oligarchie de l’argent qui gouverne la planète utilisera tous les moyens pour sauvegarder ses intérêts. » D’ou la question essentielle qui sous-tend tout le livre : « l’humanité saura-t-elle tirer les leçons de son passé et prendre son destin en main avant qu’il ne soit trop tard ? »

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