Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (Houria Bouteldja)

Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (Houria Bouteldja)

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Un essai indispensable pour ceux qui se soucient de la racialisation de la question sociale et de ses effets sur la psyché des "indigènes" de la République, tous ces enfants de la colonisation, de l'immigration, de la relégation post-coloniale, objets de tous les fantasmes, de toutes les peurs, et parfois aussi victimes d'une bonne conscience progressiste qui s'accommode bien de leur domination.

 

Le début d'une analyse du texte (très discuté sur Internet), glané sur le site https://lundi.am/Une-indigene-au-visage-pale et signé Ivan Segré :

Est paru aux éditions La Fabrique Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire de Houria Bouteldja. Porte-parole du Parti des Indigènes de la République (PIR), c’est cependant à titre personnel qu’elle écrit ce livre. Il ne s’agira donc pas ici de rendre compte des positions du PIR mais d’un écrit singulier, écrit par une femme singulière.

Le livre est composé de six parties : il y a d’abord une sorte de prologue (« Fusillez Sartre »), puis quatre développements dans lesquels l’auteure s’adresse successivement à « Vous, les Blancs », à « Vous, les Juifs », à « Nous, les Femmes indigènes » et à « Nous, les indigènes » ; enfin une dernière partie, en forme d’épilogue, s’intitule « Allahou akbar ! ». Le tout est précédé d’un court avertissement au lecteur où elle prend le soin de préciser d’une part qu’elle puise son inspiration « dans l’histoire et le présent de l’immigration maghrébine, arabo-berbéro-musulmane », d’autre part que sous sa plume les catégories de « Blancs », « Juifs », « Femmes indigènes » et « indigènes » sont « sociales et politiques », qu’elles sont « des produits de l’histoire moderne » et que par conséquent elles « n’informent aucunement sur la subjectivité ou un quelconque déterminisme biologique des individus mais sur leur condition et leur statut » (p. 13). Autrement dit, son usage de la catégorie de « race » n’est pas racial mais social et politique.

Il faut y insister : on reproche à Houria Bouteldja d’introduire la catégorie de « race », ce qui tendrait à mettre au second plan l’usage marxiste de la catégorie de « classe », voire à véhiculer une idéologie raciale ; ce à quoi elle répond que ces catégories sont bel et bien opérantes dans la société et que par conséquent s’interdire d’en faire usage, c’est s’interdire de combattre l’inégalité raciale qui depuis 1492 structure l’impérialisme « blanc ». L’idée est notamment que l’avènement progressif d’une législation égalitaire, en Occident, a eu pour condition de possibilité, ou corollaire, la construction d’une inégalité raciale entre « blancs » et « indigènes » (indiens d’Amérique, noirs d’Afrique, arabes du Maghreb à partir de 1830 et peuples d’Asie). C’est en ce sens qu’elle peut écrire au sujet du féminisme, par exemple, que « les femmes blanches ont obtenu des droits, certes par leurs luttes propres, mais aussi grâce à la domination impériale » (p. 88, elle souligne). Et l’auteure de citer Domenico Losurdo qui explique, au sujet de la modernité politique bourgeoise : « L’histoire de l’Occident se trouve face à un paradoxe. La nette ligne de démarcation, entre Blancs d’une part, Noirs et Peaux-Rouges de l’autre, favorise le développement de rapports d’égalité à l’intérieur de la communauté blanche » (ibid.). Elle résume plus loin l’argument en une formule détonante : « Ils nous disent 1789. Répondons 1492 ! » (P. 116). La Déclaration de 1789, en effet, s’inspire de la Déclaration d’indépendance américaine de 1776, laquelle a eu pour base matérielle le massacre des Indigènes et la traite des Noirs. Plus en amont, l’auteure a expliqué aux « Blancs » : « La race blanche a été inventée pour les besoins de vos bourgeoisies en devenir car toute alliance entre les esclaves pas encore noirs et les prolos pas encore blancs devenait une menace pour elle » (p. 41). C’est un argument qu’il faut partager sans réserve. Indiquons simplement que ces questions, en effet essentielles, sont mieux traitées dans le livre de Sadri Khiari La contre-révolution coloniale en France (La Fabrique, 2009). Il n’empêche, l’usage par l’auteure de la catégorie de « race » est donc non seulement irréprochable, mais salutaire. Elle en use en outre de manière parfaitement cohérente puisque dès les premières pages elle explique : « Pourquoi j’écris ce livre ? Parce que je ne suis pas innocente. Je vis en France. Je vis en Occident. Je suis blanche » (p. 23). Elle y revient plus loin : « Indigènes de la République, nous le sommes en France, en Europe, en Occident. Pour le tiers-monde, nous sommes blancs. La blanchité n’est pas une question génétique. Elle est rapport de pouvoir » (p. 118). Les accusations de « racisme » parce qu’elle a l’affront d’évoquer une race « blanche » impérialiste, ou de « misogynie » parce qu’elle ose interroger les ressorts d’un féminisme « blanc » qui trouve judicieux de stigmatiser les populations étrangères, notamment arabes, toutes ces accusations sont donc au mieux le fait de lecteurs trop pressés, au pire celui de belles âmes qui, sous couvert de principes humanistes, abritent un narcissisme d’homme « blanc ».

Editions La Fabrique 2016.

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