De l'engagement dans une période obscure

De l'engagement dans une époque obscure

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Miguel Benasayag et Angélique Del Rey nous invitent à comprendre ce qui peut vraiment changer le monde aujourd'hui. Ce qu'ils nous proposent, c'est l'engagement recherche, l'engagement immanent, expression d'un désir vital, qui revendique la lutte radicale, dans ce monde-ci, sans «machines à espoir».

 

Ne craignez pas de retrouver nos petits travers épinglés avec humour et sans concession ! « Que pourrais-je bien faire pour changer les choses ? Militer auprès des sans-toit, des sans-papiers, pour les animaux de la SPA ? Faire un repas avec mes voisins ou tout simplement dire bonjour à la dame ? Comme s'il s'agissait d'un choix individuel, et que l'on s'engageait comme on opte pour un produit sur un rayon du supermarché. » « Les modes d'engagement 'à l'agenda trop plein' font rage : on veut changer le monde, le travail, l'environnement, mais on est trop occupé : pas le mercredi (c'est le jour des enfants), pas le jeudi (je dois faire ma gym) et le vendredi, je vois Marinette ! Sans parler du fait que la moindre rage de dents efface tous les malheurs du monde. »

Découvrez en quoi nous vivons une époque obscure. Nous vivons aujourd'hui à l'ère de «l'homme normal», cet «individu flexible qui n'est rien en soi, mais peut tout devenir (du moment que c'est économiquement utile)». Notre époque est obscure car cette croyance que tout est possible à celui qui saura s'adapter produit en réalité une grande impuissance. Et elle fait de nous des entités tout à fait déracinées, « simples quantités d'énergie délocalisables et modélisables en fonction des besoins de l'économisme et du pouvoir disciplinaire ». Remettez en question quelques évidences...

Le sujet de l'agir est-il vraiment comme on le croit l'individu (homme politique, chef d'entreprise, consommateur...) ? Ni le militant ni l'individu de bonne volonté, ne sont en réalité en mesure d'assumer les défis de l'époque. « Au XVIIIe siècle, Diderot écrivait dans l'Encyclopédie que la lunette, la boussole et la montre avaient bien davantage changé la surface de la terre que ne l'avaient fait les révolutions politiques dans le passé. » Il faut aussi abandonner progressivement une vision « messianique » de l'engagement, impliquant la promesse d'un monde meilleur à venir, et qui n'a débouché que sur la désillusion et le repli sur soi. Et embarquez-vous pour l'engagement-recherche ! « Toute lutte qui réussit crée un nouveau possible, toute résistance crée de nouvelles possibilités d'émancipation et de vie, créant donc une jurisprudence au sens où cela devient faisable. » « C'est dans l'immanence, le déploiement ici et maintenant des possibles situationnels, ainsi que dans la sortie de la triste figure de l'individu, coupé de lui-même, des autres et de ses racines, dont l'existence n'est guère plus épaisse qu'une feuille de papier à cigarette, que réside la possibilité de développer de la puissance d'agir. »

Changer le monde, c'est donc retrouver en quoi nous le co-créons, au lieu de nous y adapter. Ce livre nous rappelle avec énergie et jubilation que nous sommes, toujours, déjà, « engagés, dans le monde, ce monde-ci, les situations qui sont les nôtres ». Le développement de la puissance d'agir ne signifie donc pas le réveil d'un individu, mais refaire droit à la multiplicité des dimensions qui nous traversent. « Qu'il s'agisse de vie personnelle ou de vie sociale, le sentiment d'optimisme émerge par surcroît, lorsqu'on a renoué avec la puissance d'agir, avec la compréhension et la connaissance du monde et des situations, quand on remet en contexte, connaissant les causes et libérant la puissance d'agir. Alors intervient le 'ré-enchantement' du monde, non comme une fin, mais comme un produit de l'agir, un effet de la rupture des cloisons qui nous séparent du monde, des autres, des situations et de soi-même.»

Mobilisant des réflexions aussi diverses que celles de La Boétie, Marx, Foucault, Spinoza, Gramsci... ; s'appuyant sur des expériences politiques concrètes comme celle des Tupamaros uruguayens, puisant aussi bien ses métaphores explicatives dans le cinéma de David Lean que dans les « lieux communs » du langage quotidien, ce livre est une invitation stimulante à repenser les fondements de nos aliénations et une définition de l'engagement comme acte créateur en soi.

De Miguel Benasayag et Angélique De Rey. Editions Le Passager Clandestin, première parution septembre 2011.

Version poche.

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