La décision (Karine Tuil)
La décision (Karine Tuil)
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La décision (Karine Tuil)

La décision (Karine Tuil)

20,00 €
TTC

La romancière s'attaque au sujet brûlant du terrorisme islamique, dans son nouvel opus en forme de thriller tragique. Son héroïne, une juge à cran, doit « décider » du sort d'un homme suspecté d'allégeance à Daech, dont la défense est assurée par son amant. Audacieux et prenant. (Philippe Chevilley)

 

Article de Philippe Chevilley, Les Echos (oui, d'accord, c'est un journal de droite, mais bon, leurs pages littéraires...)

S'il y a bien un livre choc en cette rentrée littéraire de janvier, c'est celui de Karine Tuil, « La Décision ». Parce que son sujet est actuel et brûlant : la lutte antiterroriste. Et parce que l'écrivaine, auteure d'une dizaine de romans à succès, a pris le risque de corser son intrigue judiciaire d'une histoire d'amour torride. Une juge antiterroriste (Eva), chargée d'instruire le dossier d'un jeune homme suspecté d'avoir fait allégeance à Daech lors d'un séjour en Syrie, tombe amoureuse de l'avocat, spécialiste des causes perdues (Emmanuel), qui assure la défense du prévenu. Une liaison contraire à toute déontologie, qui la place dans une situation impossible, alors qu'elle doit se prononcer sur le sort de l'accusé.

Karine Tuil fait preuve d'un beau talent de funambule pour ne pas verser dans le roman de gare sulfureux. Son récit construit avec rigueur, « à l'américaine », est sérieusement documenté (fondé sur les témoignages de juges d'instruction du pôle antiterroriste). Ses personnages sont crédibles et intrigants : Eva, possédée par son travail - son combat -, farouchement attachée à ses enfants, mais en rupture avec un mari écrivain raté qu'elle n'aime plus ; Emmanuel, l'avocat gauchiste tourmenté, fils de bonne famille qui cache un lourd secret ; Abdeljalil, le prévenu, jeune banlieusard, revenu précipitamment de son « séjour humanitaire » en Syrie après avoir, dit-il, découvert la vraie nature d'EI.

La romancière mène brillamment ses deux intrigues de front pour les fusionner en un maelström tragique. D'un côté, elle explore la psyché tordue des terroristes, leur parcours fatal, leurs pulsions de mort, leur capacité à alterner violence brute et ruse. Les portraits des accusés, dont certains apparaissent comme la pure incarnation du mal, font froid dans le dos. De l'autre, elle montre le caractère mystérieux et implacable de la passion amoureuse qui s'abat sans crier gare, même sur les êtres en apparence les mieux armés.

Comme Eva, le lecteur ne sait plus à quel saint se vouer, en suivant les interrogatoires serrés du très persuasif Abdeljalil. Et il ne peut qu'adhérer à la « décision » logique en apparence qui va l'engager, elle et la France, peut-être pour le pire… Le dernier acte, apocalyptique, de ce roman haletant ne vise pas simplement à susciter l'angoisse comme dans tout bon thriller. Karine Tuil veut nous emmener plus loin, pointer la difficulté extrême qu'éprouvent nos démocraties à combattre le fanatisme religieux, quand des hommes manipulés sont transcendés par une haine mortifère. Aux justes - aux juges -, aveuglés par l'amour, qui prennent une mauvaise « décision », il restera l'espoir d'une rédemption.

Biographie de Karine Tuil

Née en 1972, Karine Tuil a suivi des études de droit à l'université Paris II-Assas. C'est en 2000 que paraît son premier roman, Pour le pire. L'année suivante, Interdit sera sélectionné par le Goncourt - jury qui l'aura souvent retenue sur ses listes. Elle est également l'auteur de L'invention de nos vies (Grasset), traduit dans de nombreux pays. Son dixième roman, L'insouciance, a paru aux Editions Gallimard.

Edition Gallimard, 296 pages, grand format, janvier 2021.

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Livres
1871
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